


Sans traces apparentes (La Rémanence, juil. 2015) : « La jeune femme quitta l’autoroute et s’engagea sur les voies landaises longues et droites, interminables, qui invitent le regard au loin. Elle était venue réfléchir sur son avenir, pas ruminer le passé. Elle aperçut enfin le chemin blanc menant à l’airial. Au bout de l’allée, le lourd portail en fer forgé était ouvert, laissant apparaître la bâtisse de son enfance. Elle avait passé ici toutes les vacances scolaires. Chaque centimètre carré était imprégné d’un moment heureux, un bobo, un rire. Quand elle posa la main sur la clenche, l’odeur du chocolat chaud, ronde et sucrée, finit de la guider jusqu’à la cuisine. Devant son piano à six feux, Simone faisait fondre la tablette directement dans le lait. »
De la douceur des choses (Secrets de Pays, mai 2016) : Voici quarante jolis textes, historiettes ou confidences qui sont des trésors de lecture. Toujours tendres, souvent émouvants, parfois malicieux, provocants ou frivoles, nous les recevons comme des invitations à goûter le bonheur de vivre. Ce bonheur-là, teinté de souriante nostalgie, Pierre Gonthier et Michel Testut le courtisent en philosophes amoureux et lui demandent de ne jamais cesser de les étonner. Les illustrations de Marcel Pajot y ajoutent l’amicale offrande d’un singulier talent.

Comment les grands de ce monde se promènent en bateau (Flammarion, jan. 2015) : « Si cela n’avait été pour son ami de longue date, Hakan aurait abandonné sa recherche depuis belle lurette. Certes, l’idée d’un séjour oriental de Cuauhtémoc était appétissante, mais elle n’en demeurait pas moins rocambolesque et nourrie de maigres indices. Hakan en arrivait parfois à soupçonner le vieux Borges d’être quelque peu gâteux. Mais enfin, son mois d’août était désœuvré et, la rentrée universitaire n’étant pas encore proche, il pouvait s’offrir le luxe d’une recherche inutile. » Comment les grands de ce monde voyagent en bateau est sélectionné pour le prix Augiéras.
Une parole juive contre le racisme (Syllepse, mars 2016) : Bien sûr, l’histoire de beaucoup d’entre nous, le souvenir des persécutions et du génocide juif nous incitent à une vigilance particulière, nous enjoignent de ne jamais être du côté des bourreaux, quels qu’ils soient. Nous avons certes dans le coeur cette blessure liée à l’antisémitisme et à Auschwitz, comme une écharde purulente. Mais nous vivons maintenant et nous devons constater que les principales victimes du racisme ne sont plus les Juifs. Il faut en parler aujourd’hui, dans l’après-Charlie, dans l’après-Bataclan, quand l’islamophobie se déchaîne, quand la négrophobie perdure, dans la crise des migrants dont on sait qu’elle n’est pas éphémère, quand les discours violents d’exclusion se répandent.